Chapitre 6 : Elodie
Lou a passé la fin de cette journée du 15 décembre à Panjim, la capitale de l’état de Goa, chez un infographiste. Elle lui a demandé d’imprimer 5 T.chirt avec au centre le portrait de Charlotte, une inscription au dessus de la photo qui disait « I wanted Charlotte » et en dessous « my sister ».
De retour à Vagator, elle enfile un tee chirt et se rend chez Carmen pour voir si Elodie est dans sa chambre. Elle est assise seule sur sa terrasse, un bouquin à la main mais ses yeux rêvassaient.
Dès son arrivée à Vagator Lou s’étais rendue chez Carmen pour savoir si Elodie était arrivée, elle avait réservé une chambre pour le 15 novembre. Elle pu ainsi apercevoir l’emplacement de son bungalow et surveiller son arrivée. C’était une jeune femme qui devait avoir la trentaine, elle était joli, mince, avenante. Elle avait une allure de vrai teufeuse, son looks : débardeur avec de nombreux motifs indiens, une jupette, des boots en daim souple et une ceinture 3 poches pour y mettre ses cigarettes, un briquet, son fric et tout le nécessaire pour rouler des pétards.
Lou l’avait abordé au Bagnan tree et comme avec charlotte elles étaient devenues vite inséparables, deux nanas seules qui se regroupent pour sortir, manger, et faire la fête ensemble. En plus, elle était pour Lou sa porte d’entrée pour connaitre les personnes côtoyées par charlotte durant son séjour.
« coucou Elodie »
Elle fixe le tee chirt de lou, la regarde, rebaisse les yeux sur le tee chirt
« qu’est ce que cela signifie, Charlotte est ta sœur ? je croyais qu’elle était fille unique» me dit elle d’un ton un peu dur voir hargneux, même méprisant
« ça signifie qu’il est devenu urgent que je joue carte sur table sur ma venue en Inde et notre rencontre »
Lou se rapproche d’Elodie et malgré la tension qui est palpable , elle poursuit d’une voix plus ferme
« tout d’abord je me nomme bien Lou. Charlotte n’est pas ma sœur, comme je l’ai fait imprimer, mais c’est une personne que je recherche et je pense qu’inscrire que c’est ma sœur m’évitera d’expliquer mon d’job et que j’obtiendrais ainsi plus vite les infos que je suis venue chercher »
Elodie est sur ses gardes
« je ne comprends pas pourquoi tu cherches Charlotte, qu’à t-elle fait. Je comprends mieux pourquoi, incidieusement, tu me posais des questions sur elle depuis que l’on se connait »
« Ecoutes Elodie, Charlotte a disparu. Je suis employée par ses grands parents qui n’ont plus de nouvelles d’elle depuis mai- juin de cette année. Je suis donc venue à Vagator sur ces traces pour essayer de comprendre comment elle vivait, de savoir qui elle voyait, pour connaitre ses habitude, ses projets, si comme tant d’autres elle n’est pas devenue « folle de l’Inde » a en perdre son âme.. dans ces rares courriers elle parle un peu d’Anita et de sa famille, de toi, des lieux qu’elle fréquentait mais mis à part ça, elle ne dit rien d’autres, elle ne donne aucune indication sur elle ; la seule chose que je peux te dire aussi c’est qu’elle a appelé son future employeur pour lui indiquer qu’elle serait là le 1er septembre pour prendre le poste qu’il lui avait proposé »
Un grand blanc s’installe. Elodie sort un joint, l’allume et le tend à Lou
« oui, je faisais partie de son cercle d’amis mais je n’étais pas la seule. Elle a très vite pris son envol. Nous étions proches car nous sommes arrivés de France à Goa par les mêmes avions. Je lui ai trouvé sa chambre, celle que tu occupes actuellement, nous étions amies, parfois inséparables ou parfois on ne se voyait pas pendant 3 – 4 jours et ce jusqu’à mon retour en France le 15 mars ».
Le silence s’installe à nouveau, elles tirent chacune leur tour 2 lates sur le pétard, Elodie poursuit
« on aimait l’Inde, même si pour elle c’était son premier voyage, elle avait vite humé l’atmosphère, les ambiances, la vie, elle était conquise, sous le charme. On aimait faire les même choses : aller boire des coups dans les bars, rencontrer des gens, échanger, parler, écouter, se balader en scooter, faire la fête mais tout cela tu le sais déjà puisque que je t’avais dit au début de notre rencontre que l’an dernier, j’avais une amie Charlotte qui vivait chez les naines dans la même chambre que toi et que nous avions été inséparable ou presque durant les 6 mois ou je suis rester en Inde. Ce qu’elle a fait après je n’en sais rien, moi j’ai repris ma vie en France, on c’était simplement dit à l’année prochaine à Vagator si elle revenait. Pas besoin de se donner des nouvelles entre deux, elle savait que je serais chez Carmen si elle revenait et moi je savais qu’elle logerait chez Anita ».
« elle ne t’a pas écrit ou téléphoner, parfois on donne ou prend des nouvelles »
« non, tu le sais, en voyage, on fait des rencontres, on fait un bout de chemin ensemble et ensuite on se sépare car le voyage est synonyme de plaisirs et en France on reprend sa vie routinière, son petit train train, on retrouve les tracas du quotidien : travailler, se faire à manger, ses courses, payer ses factures, une vie parfois de frustrations et de quelques moments de bonheur ».
Elle regarde au loin, ses yeux se posent sur Lou, son visage c’est encore durcit,
« Lou tu le sais, ici c’est le bonheur, il fait beau, les gens sont sympas, il n’y a jamais de problème, d’embrouille, la vie est belle, simple, paisible »
« oui mais justement, moi en voyage, quand je fais un bout de chemin avec quelqu’un, ce sont des moments privilégiés car on peut être soi même, on peut se confier, se raconter sans être jugé, on le fait car cela n’a pas d’importance puisque souvent on ne revoit pas la personne. Il n’y a pas de jugement que de la compréhension, des liens se créent même s’ils sont éphémères, on se dévoile, on se confie. Charlotte et toi vous ne faisiez pas que vous amusez, vivre votre vie à fond, vous deviez aussi avoir des moments plus intimes, des moments ou vous parliez de vous, de votre vécu, de vos proches, de votre éducations, de vos projets, de vos maux, des instants de bonheur ou de malheur…. »
Un silence pesant c’est désormais installé. Mon regard la transperce. Elle me regarde aussi comme si elle me voyait pour la première fois, elle se lève rentre dans son bungalow et revient avec sa glace, 2 traces et 2 pailles.
« tiens Lou, une petite trace, nous sommes vendredi, il est 18 h, il est l’heure d’aller au Vagator Hill. Pour Charlotte, je ne sais pas, je vais réfléchir, je vais essayer de me souvenir de ce qu’elle m’a dit sur elle, sa famille. Demain oui demain, je te promets je vais essayer d’écrire tous les lieux ou nous sommes allées, les gens que nous avons rencontrés et si elle m’a confié des choses importantes et personnelles, je vais essayer de les retrouver dans ma mémoire de poisson rouge »
Lou regarde intensément Elodie, elle pressent qu’elle sait des choses importantes, il faut qu’elle conserve le lien qu’elle a établi avec elle, dans le mensonge certes mais il y a un réel lien entre elles.
Elle doit la remettre en confiance, il faut qu’elle lui parle.